De la demie réussite au semi échec.
Par Vincent le vendredi 11 février 2005, 18:03 - OSEF - Lien permanent
Tout commença un matin, dans la presse avec une petite annonce du Ministère de l'Économie, des Finances et de l'Industrie. Les écoles des Mines recrutent des techniciens de laboratoire via concours
que ça disait. Voyant là encore une occasion pour me mettre en valeur, je répondis avec une conviction érodée, Comme ça, on verra bien, je n'ai rien à perdre à faire le fonctionnaire de catégorie B dans ce qui est, soit dis en passant, une des plus performante et renommée structure enseignante de notre pays
, mais ce dernier point, je le découvris un peu après. Une lettre, un CV, c'était parti.
La demie réussite.
Une semaine plus tard, je reçus un dossier. Et là, je défaillis. Non, rien de bien compliquer dans le dossier, je me rappelle encore de mon nom et de mon adresse. C'est juste que le programme des connaissances requises pour le poste à pourvoir semblait bien rempli, voir ahurissant. Je ne comprenais pas trop bien ce que la résistance des matériaux ou l'équilibrage d'une équation d'oxydo-réduction venait faire dans un métier technique d'informaticien avec une spécialisation sur les réseaux ce qui me fit suer à grosses gouttes : Où sont cachés mes cours de terminal
. Mais bon, après vérification, c'était juste la stagiaire du service documentation | photocopieuse qui ne comptait plus dans le bon sens. En oui, le nombre douze se place généralement après le chiffre dix dans un ordre croissant, sans oublier le fameux onze qui n'arrivera jamais chez moi, non sans réclamation de ma part.
Une fois rassuré, j'envoyais le fameux dossier et commença à m'intéresser aux annales des précédents concours. Bien sûr, impossible d'en trouver. Tout de fois, je tentais ma chance sur le site du CNRS et dénicha mon bonheur pour un poste similaire nécessitant à peu près les même connaissances. Autre bonne nouvelle, j'arrivais à répondre à peu près à tout. Il fallait bien sûr que j'aiguisasse mes réflexes, mais cela me semblait faisable.
Les jours passèrent tranquillement dans mes Vosges profondes, c'était le mois de novembre et il faisait, comme tout les autres jours de cette période, moche. Ça ne me dérange pas de toute façon, j'ai l'habitude et c'est pas le climat d'une région qui dictera mon humeur. Au détours de ces mornes journées, la factrice passa sur sa petite mobylette bruyante et me livra une convocation officielle. Cette dernière me disait, sans gène, que je devais me présenter mis décembre dans une banlieue parisienne non loin de Marne la Vallée pour y passer un examen écrit de deux heures. Oui, Paris.... Mais qu'est ce que j'avais fait ?
En fait, ce fut une bonne occasion de rendre une petite visite au frangin de Maud et à son nouvel appartement d'Épernay. C'était toujours ça de gagner ; plus que 120 bornes d'autoroute à se taper de bon matin, c'était bien. En plus, j'arriverai en forme... Sauf, que nous avions un peu fait la fête la veille...
Le grand jour se présenta difficilement. Il faisait très froid et nous étions tous obligés d'attendre devant un complexe de salles de cours et d'examens. Un mec me refusa même d'entrer dans le hall pour m'y réchauffer avec un Non
assez sec. Pendant ce temps, les candidats continuèrent à débarquer au fil des RER et ça commençait à faire de plus en plus de monde sur le pas de la porte. J'apprendrai plus tard que nous étions, pour un seul et unique poste, près de 140 inscrits et 114 à passer l'épreuve écrite.
Ah, le fameux sujet de cette épreuve écrite... Je m'en délecte encore ; presque mots pour mots une épreuve du CNRS (que je ne retrouve plus... en fait je ne sais plus trop mais les questions sont, d'années en années, toutes les mêmes et réviser avec les annales du CNRS était une bonne idée). Je souriais discrètement perdu dans les longues rangées de tables et m'exerça à répondre du mieux possible aux différentes questions. En parlant de question, si quelqu'un pouvait me dire comment réinstaller Windows le plus rapidement possible dans un domaine Windows Server 2003, j'en serai très content.
Je sortis de la salle deux heures plus tard, un peu fatigué du poignet et avec l'amère impression que la qualification aux oraux n'était pas du tout gagné. J'avais réalisé, tout de fois, une expérience intéressant et je mourrai moi con. Les résultats seraient affichés début janvier.
Le semi échec.
Pas possible !
tels furent les mots qui sortirent de ma bouche lorsque je pris connaissance des résultats. J'étais sur la liste des dix admis et tout le monde autour de moi voulait me l'entendre dire. J'avais déjà, à en croire l'exaltation avoisinante, un pied dans le monde du travail.
Début de ce mois, je me rendis à Saint Dié des Vosges pour passer l'épreuve pratique au doux coefficient trois. Il faut dire que j'étais un brin angoissé. La pilule passa rapidement avec un accueil charmant à coup de café et de croissant. J'étais le dernier à auditionner.
Deux jeunes messieurs m'invitèrent alors à démarrer un ordinateur qui ne démarrait pas, bien sûr... Je répondais à toutes leurs questions avec une rare difficulté, ils étaient littéralement en train de m'arracher les vers du nez. Je ne comprenais plus réellement ce qu'ils me demandaient ou ce qu'ils attendaient comme réponses et je commençais à réellement m'en vouloir de ne pas montrer plus de confiance en ma chère et tendre personne. Bref, je fut nul... C'est ma faute.
Je quittais un bâtiment dont je ne reverrai plus l'intérieur et me dirigeais vers un bistrot où Corto m'attendait. Nous passâmes un bon moment ensemble autour de nombreuses tasses de café et de discussions toujours intéressantes. Merci, Corto...
Je viens donc d'apprendre la nouvelle. Je ne suis pas l'homme qu'il leur faut et je commence à réellement en avoir marre de ne pas être l'homme qu'il leur faut. Je ne sais plus ce qu'il faut montrer ou démontrer pour travailler. Oui, Travailler
un acte simple, fédérateur du monde moderne sans lequel nous ne sommes rien dans ce monde moderne. Je rappelle à mon Camarade que ce concours externe était pour un poste de technicien payer au SMIC. Alors, que faudrait il penser d'un tel enthousiasme autour de cette activité professionnelle ?
Je vais tenter de mettre quelques mots sur mes sentiments actuelles : ...
, ça fait du bien !
(Pour précision, je n'aime pas poser des questions - je préfère trouver par moi même - alors le Vous avez des questions ?
en fin d'entretien, vous le gardez au plus profond de votre gorge, ça ne rime à rien et ça ne prouve rien quand aux motivations de la personne en face de vous. Si seulement vous saviez engager un bon dialogue sans rapport de force biaisé...)
Que suis je sensé savoir faire maintenant ? Un tel état me fait perdre mes moyens et le peu de confiance à force de se voir rejeter, de sauter d'échec en échec. Vouloir être utile à quelque chose n'est vraiment pas un argument de même que vouloir gagner sa vie honnêtement, tranquillement sans prétention particulière avec un métier qui me plaît. Non, c'est vrai, je vais répondre à des propositions qui ne me conviennent pas, il est encore vrai que je vais tenter par tout les moyens de foutre la merde dans votre entreprise et vous faire perdre de l'argent. Ne mettez pas en doute ma bonne volonté, merci.
J'aimerai tellement être comme vous, payer des impôts, me lever le matin et râler sur mon patron à la première pose café, me creuser la tête sur des problèmes concrets, me retourner et devenir fier des travaux réalisés. Je devrais certainement forcer ce destin et je commence à y réfléchir sérieusement... Je ne me découragerai pas, je suis finalement un optimiste convaincu.
Commentaires
Non, il ne faut surtout pas se décourager : j'ai essuyé moi aussi un paquet de refus (et de non-réponses) avant de trouver qqch.
(150 CV envoyés, 6 réponses... négatives)
Mais ce genre de places (avec 100 demandes pour 1 place) et 36000 tests, ça me gonfle un peu, ou les questions débiles du style : "Pourquoi n'avez-vous pas plus d'expérience professionnelle, ça gâche votre CV ?" (hé Ducon, je sors des études, si on ne m'en donne pas du boulot, je ne risque pas d'en avoir, de l'expérience...)
Ou "Pourriez-vous me détailler votre motivation pour ce poste ?" (en gros, j'ai over-besoin de thunes, sinon je suis à donf dans la merde.)
Les remarques désobligeantes aussi : "ah, encore un qui nous pourrit le trou de la sécu !" (là je me permets de leur signaler que je ne touche rien des assédics, et c'est pas l'unique fois que je suis malade par an qui va plomber la sécu...)
Après, l'endroit où j'ai le plus ri est bien encore à l'ANPE, où on m'a clairement dit qu'ils ne feraient rien pour moi, car je n'avais pas le profil "type" de ceux qu'ils aident à trouver du boulot... la nana m'a même sorti que je faisais trop propre sur moi, alors que j'avais juste mis une chemise... (hé duconne, quand j'ai un rendez-vous, le minimum que je puisse faire est de ne pas arriver habillé comme un clochard)
C'est là que je me dis que le système est malfoutu : on fait tout pour décourager un jeune motivé pour trouver du taf, et pas grand chose pour l'aider. Quand tu dis "Ecoutez, c'est pas dans mon genre de rester au chomdu pendant 6 mois", on te regarde avec des yeux grand ouverts, comme si tu étais un extra-terrestre...
Bref, la seule chose qui m'ait permis de trouver du taf (en dehors de mes compétences et de ma capacité à être autonome lancé sur un projet en version demmerde-toi, même si tu ne sais pas faire), c'est les connaissances personnelles. En gros, tu sors à qui veut bien l'entendre que tu cherches du boulot activement dans tel domaine, la plupart des gens comprennent ça mieux que ces blaireaux des assédics, et tu prospecteras mieux si tu as 50 paires d'oreilles à l'affût que tes seules deux oreilles.
La plupart des gens sont même prêts à t'aider pour peu qu'ils tombent sur une occasion de job pour toi : "non, vous savez, je connais un petit jeune bien sympathique et fort poli, je vous le recommande, etc..."
C'est même humain : si je connais qqu'un de sérieux qui cherche et que j'entends une opportunité, je le signale à l'employeur, ça ne coûte rien, et ça rend service à un gusse qui cherche du boulot.
La preuve la plus flagrante : j'étais en CDD chez Tomy France, et il me restait un mois à faire (janvier), je commençais à rechercher de nouveau pour les mois suivants. En discutant avec le buraliste du coin, il me sort : "ramenez-moi un CV, je connais quelqu'un en suisse, on ne sait jamais".
J'ai ramené un CV, le gars a fait des photocopies du CV (!), et l'a envoyé à toutes ses connaissances (c'était vraiment sympa de sa part, car rien ne l'y obligeait, il a fait ça juste par pure sympathie pour un jeune qui débute).
Résultat : je n'avais pas encore fini mon CDD , coup de fil : une amie du buraliste avait montré mon CV à une femme, et cette dame s'avérait être la mère de mon futur patron, elle lui a montré mon CV, et il avait envie de voir ce que je savais faire, vu qu'il cherchait qqu'un dans ce domaine.
C'est comme ça que j'ai pris contact avec mon futur boss !
(j'ai dû faire mes preuves pendant un mois, et j'ai réussi)
Du coup, je bosse chez lui depuis plus de 6 mois, et pour l'instant tout va bien (espérons que ça dure), les salaires sont très bien de l'autre côté de la frontière, et le boulot est intéressant.
Après, je ne dis pas que c'est une vérité absolue et qu'il n'y a que ça qui marche (surtout pas), mais en tout cas, ça a fonctionné pour moi.
N aie crainte, Cid... Tu ne sais pas a quoi tu as echappe...
PS: "J'aimerai tellement être comme vous, payer des impôts, me lever le matin et râler sur mon patron à la première pose café" et rever a son preavis...
j en peux plus j 'ai 23 ans j'ai tafer 4 ans dans l'animation avec mon bafa maintenant j'aimerai tafer dans le secretariat medical mais j'ai peur de ne pa trouver justement je ne sors pas trop de chez moi donc voila on ma souvent parler de la frontiere et y parait qui l'y a plus de taf que dans le sud cé la misere sans taf j'ai le chomage mais help aidez moi svp kiss